Ces petits oiseaux sont très familiers aux Marquises; les vinis colorés se laissent approcher par les tourterelles et même par les hommes. On les voit en bandes sur les terrains de football, le lundi après le match du week-end. Ils viennent manger la farine qui a été utilisée pour marquer les limites du terrain (il n'y a pas de plâtre ici).

Les cascades sont immenses et nombreuses

Au détour d'un chemin on découvre un engin qui semble venu d'une autre planète. Cette magnifique pelleteuse va pourtant se plier aux coutumes locales et la maison qui sera construite siègera sur un "pae pae" de gros rochers.

Loin de là...les hommes politiques débattent et se positionnent "dos à dos"...pourtant ...l'union fait la force ...

La rancoeur est-elle dans les coeurs? ...Le plus difficile à admettre pour un guerrier c'est de ne pas être "incontournable"

Il y a ceux qui sont "sur leurs gardes..."!

Et ceux qui continuent à croire que seuls les cailloux sont éternels!!!...

Vivre dans une vallée marquisienne, isolée du reste du monde , avec pour seule issue...l'océan et pour seule foule, quelques dizaines de villageois ...un univers perdu sur un astéroïde ...et le souvenir d'un bonheur difficile à imaginer pour les tikis du monde moderne. Le souvenir d'une qualité de vie qui me manque parfois; c'était un bonheur simple fait d'océan, de nature, d'entr'aides et de disputes...

Les fêtes étaient rares; Noël et Pâques étaient réservées à la prière ; Le 11novembre et le huit mai mettaient beaucoup plus d'animation dans le village et chaque famille préparait l'évènement, le plus souvent en ignorant les raisons de ces deux fêtes...

Le maire du village m'avait d'ailleurs demandé à quoi pouvaient correspondre ces deux points du calendrier et après quelques "mises en condition"...je m'étais décidé à lui donner une version fantaisiste de la chose: "le onze novembre, "ossi" comme on dit ici, c'est la fête de la révolution française! ...la Bastille, le Roi etc..."

Quelle ne fut pas ma surprise, le lendemain, quant j'entendis le maire démarrer son discours: "si nous faisons la fête, aujourd'hui onze novembre, c'est parce qu'en France, il y a longtemps, on a pris une grande prison ..."

Après ces moments , où l'on a bien ri...,on a bien mangé et consommé le vin qu'il fallait, pour que les parents des belles aillent faire la sieste, et nous laissent conduire leur fille dans la brousse à la pêche à la chevrette (crevette)...

La vie coulait ainsi seulement agitée par le passage des goélettes (tous les trois mois); on faisait alors provision des produits rares et on vendait notre coprah.

 On dit que les marquisiens ne sont pas très bavards; c'est une erreur, il suffit de suivre ce monologue pour voir à quel point un séducteur peut détailler les différentes phases de l'approche puis de la conquête d'une magnifique vehine...

Il n'est pas nécessaire de comprendre le "eo enana" pour ressentir les sentiments successifs du guerrier dans sa manoeuvre; et c'est là une des grandes richesses de la culture marquisienne; loin des pudeurs bloquantes de la société urbaine, ici, on utilise le visage, le corps et le geste...

  Le guerrier vient d'apercevoir une danseuse ...

  "et si je volais un peu pour lui montrer que je suis un oiseau..."

  "Un oiseau, mais aussi un guerrier..."

  "On va s'approcher calmement..."

  "En ouvrant les bras, on va montrer que l'on est ouvert d'esprit..."

  "Et plein d'affection..."

  "Et mon coeur, il est gros comme ça!..."

  "Et même plus!!!"

  "Et il a tellement envie de battre..."

"Alors...on va boire un verre?..."

Un être cher nous a quitté; il était artiste, aimait la vie et les gens.

Souvent, il a plaisanté en défiant le destin, promettant de revenir frapper aux volets "vous entendrez mon message et il vous confirmera l'existence d'une suite...", mais depuis trois semaines le silence nous intrigue...

Les balades nocturnes dans l'étrange ont-elles retardé sa mission; ou alors...c'est si bien là-bas que l'on en oublie les petites promesses...

Mais son humour et sa présence nous manquent; il reste des oeuvres porteuses d'émotions, des objets qu'il a  laissés le long de son chemin, figés dans l'histoire, et des paroles que la mémoire joue comme des symphonies ...

Les marquisiens savent tous que le voyage continue "après" ; ceux qui sont partis reviennent toujours converser avec les émotions de leurs suivants...

Au revoir l'artiste...on pense à toi...

Le Japon ferme les yeux; il pleure en silence et dignement les disparus...hommes, femmes, enfants , bébés...innocentes victimes que la fatalité a emportées..

.et dimanche, à la messe...il y a toujours autant de monde!

Il est impossible, pour un Tiki Marquisien, pour un Dieu des anciens...qualifié de cruel, sanguinaire et agressif ...de comprendre qu'un Dieu "venu de là-bas" ...qualifié de bon , juste...enfin "Dieu Amour" laisse la nature réaliser de telles horreurs.

Secoués, noyés, irradiés et maintenant frigorifiés sans ressources...

Et dimanche, à la messe...il y a toujours autant de monde!

Perchés sur les hauteurs, vendredi, on a attendu...avec inquiétude, l'arrivée de la vague venue du Japon. Elle fut heureusement "petite" et pour cette fois tout a été épargné, ...ici!

On aurait dû s'en douter, puisqu'une raie est venue faire des pirouettes devant nous...et comme dit un de nos "fantaisistes locaux"...pour éviter les catastrophes, il faut regarder les animaux! 

Heureusement, la vie reprend le dessus, ...la leçon servira-t-elle? Moins de temps à "prier" et un peu plus à "réfléchir"!

On terminera par une note plus optimiste: un message à des voyageurs Suisses qui sont venus il y a quelques temps et qui nous ont adressé un message bien sympathique fait de douceurs et de qualités de coeur...ils se reconnaîtront et on les remercie ..."une merveille "!