Hier,
Les anciens marquisiens faisaient de la séance de tatouage une fête. Le tatouage était exécuté dans un hae tapu (case tapu). A la fin de la séance, le tatoué exhibait la réalisation devant
l'assistance. Des sacrifices humains avaient lieu.
À l'arrivée de l'église, cette tradition fut remise en question. Se décorer le corps avec des dessins n'était pas plus immoral que de se percer les oreilles pour placer un bijou, cependant, tous
les rites qui accompagnaient le tatouage étaient immoraux pour les missionnaires. Ceux-ci parlaient d'indécence car souvent des tatouages étaient effectués dans les « parties
honteuses » du corps...
De plus, pendant la réalisation du tatouage, il était d'usage que le tatoueur tienne des discours jugés « licencieux » par l'église et qu'il chante des chants « lascifs ».
À la fin, lorsque le tatouage était réalisé, il y avait une fête publique , le «tuhi tuki » pendant laquelle le tatoué montrait son tatouage en réalisant un véritable « outrage à la pudeur »...
Les missionnaires ont donc interdit la pratique du tatouage pendant la deuxième partie du XIXe siècle. Cette interdiction fut prise à Hatiheu par la mission sous l'autorité de Mgr Dodillon.
Certains marquisiens convertis tentèrent même d'effacer, en injectant du lait, les tatouages qui couvraient leur corps.
Il y eut même un arrêté de l'autorité civile pour signifier cette interdiction en 1898. Mais en 1901, le commandant Germinet, à qui l'on demanda ce qu'il pensait de cette défense répondit : «
tatouez-vous, si cela vous plaît, et dites que c'est moi qui vous le permets !»
Aujourd'hui, aux Marquises:
Le tatouage triomphe toujours; presque tous les jeunes se font tatouer le buste, les bras et les jambes. Quelques perfectionnistes vont jusqu'à se faire "graver" la tête ou les mains, ...endroits
qui sont toujours visibles...
La majorité d'entre eux considère que ces marques ne pourraient constituer un handicap social et préfèrent montrer leur appartenance à la culture locale. Mais il faut préciser que l'on
rencontre des opposants qui dénoncent l'utilisation du corps comme "cahier de brouillon" (sic)
Généralement, les tatouages sont bien faits, beaux, un peu stéréotypés...souvent érotiques pour les femmes.
Chez les convaincus, il arrive que la peau soit couverte en totalité par ces écritures/lectures...quelle frustration alors pour l'individu dont le cahier est plein!
Les dermatologues doivent avoir un travail de déchiffrage particulièrement difficile, et comme le soleil est localement très dangereux, les mélanomes ont le champs libre...