La vallée de Hatiheu, déjà présentée sur ce blog, est un endroit magique. Lorsqu'on arrive sur le front de mer, on a parcouru une piste qui serpente entre les merveilles laissées par les anciens et celles que la nature a sculptées avec une fantaisie très volcanique. L'énergie et la conscience remarquable des protecteurs locaux, le bon goût des ouvriers de la restauration et la magie que maintiennent les esprits "toujours présents" ont modelé un espace où le visiteur se sent lui-même..."visité"

La petite église très marquisienne est située entre le cimetière aux croix blanches et les tikis de "kétu" . Les corps qui retournent à la terre et les pierres qui résistent à l'érosion...une opposition où l'ambiguité culturelle de la société locale se réalise dans la paix et le silence . 

Les tikis menaçants remplacent les apôtres ; être marquisien ...c'est connaître le pouvoir des "dieux de pierre"

Gare à celui qui bousculerait les statues de roche...Après seize heures la brousse frémit et les messages sont inquiétants.

Les murs, ici aussi, témoignent de la préhistoire qui hier encore produisait les outils de la culture et de la guerre...

Les locaux ont fait exorciser tous ces objets qui ne présentent plus de dangers pour les visiteurs.

Les cupules sont partout ; elles servaient pour la fabrication des" mixtures "

Le paradis...ça existe...et il n'est pas nécessaire de mourir pour le visiter!

La vallée de Hakaui, sur l'île de Nuku Hiva, associe la beauté, le calme et le mystère...dans un décor de fleurs et de falaises

Une cascade située sur la gauche du défilé offre la récompense aux courageux qui ont parcouru les deux heures de piste qui conduisent dans son antre

On se pose et on médite...loin de la matérialité...ouf!

Et tout le long de la vallée, des milliers d'yeux nous observent sans bruit; les esprits sont partout et les reliques dissimulées dans les falaises inaccessibles témoignent de leur présence

La fin de la journée offre des couleurs et des contrastes incroyables; les roches sont-elles vivantes?

Un sculpteur utilise la force du courant de la rivière pour déplacer un "futur pahu" (tambour)

Mais, pas question de marcher pieds nus dans la rivière dont le fond est tapissé de coquillages à pointes très agressifs pour les imprudents.

Les Marquises ...terre de mystère...

  En 1888, l'écrivain Stevenson jette l'ancre dans le lagon de Anaho. A cette époque, le peuple marquisien subit les effets dévastateurs de l'arrivée des voyageurs venus de loin...de nouvelles maladies contre lesquelles personne ici n'est protégé et l'alcool qui ravage les tribus...

De plusieurs dizaines de milliers d'habitants...on tombe à moins de deux mille marquisiens...

Stevenson écrit:"Les portes de la mort sont grandes ouvertes et celles des naissances semi-closes"...

Heureusement, des médecins comme le Dr Rollin  vont oeuvrer pour sauver cette population et maintenant c'est près de huit mille marquisiens qui portent l'avenir de ce peuple attachant

  A gauche la baie de Anaho, à droite, la plage de Haatuatua dont on dit qu'elle accueillit les premiers marquisiens (500 av JC) car on y trouva des poteries venues d'asie et une datation des ossements découverts y fut effectuée.

Les nonos (insectes piqueurs) peuvent rendre la visite difficile car ils sont très nombreux sur les plages de sable blanc.

  Le cadre typique des rives ; ici, les sources d'eau potable sont nombreuses et la vie est vraiment agréable. On chasse les chèvres et les cochons sauvages; par contre, les poissons du lagon sont souvent toxiques à cause d'une algue qui envahit le corail

  Les pierres jouent un rôle important dans l'organisation de l'espace; au premier plan des plantes utilisées pour confectionner les costumes des danseurs.

  La paroisse locale a implanté un abri pour recevoir les amateurs de " méditation au soleil"

  Les couleurs vives sont partout

Quand on se promène du côté de Hatiheu, l'envie vient de continuer la piste (très mauvaise...) vers Aakapa. Ce segment de "route" est réputé dangereux le soir à cause des "vehine hae" qui évoluent autour des sites anciens. Mais que le paysage est beau!

On sort tout juste de l'époque tribale; des plates-formes qui se succèdent le long de la piste nous rappellent que l'endroit était utilisé pour la vie rituelle.

Mais c'est une petite pièce d'eau qui retient notre attention. Ce trou alimenté par une source était la "piscine" de la reine-mère Vaekehu. Cette femme qui joua un rôle très important dans la vie sociale de l'île disparut au tout début du 20  ° siècle. Après avoir été une des plus terribles cannibales et une séductrice qui aimait provoquer...elle rencontra Temoana, un chef Marquisien "qui avait appris à lire"...et elle finit sa vie comme missionnaire "au service de la religion venue d'ailleurs..."

Cette habitude, qui consiste à changer d'opinion, à trahir ses anciens associés,...est une des pratiques déplorables que l'on retrouve de nos jours dans le comportement des hommes politiques locaux...(il paraît que c'est coutumier...)

Au bord de la "piscine", on trouve des cupules (trous ronds creusés dans la pierre); on y préparait la médecine de l'époque...

En tournant le regard vers la brousse, de nombreux indices nous indiquent l'importance du lieu; sur une roche, un pétroglyphe...(c'est du bonheur quand on découvre ce message caché...)

Et ce cadre où tout est beau et sauvage

Des contemporains ont essayé d'implanter un "contre-poison" aux anciennes traditions...

"ça doit grogner la nuit...quand les partis opposés débattent du bien de l'homme...!"