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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 18:53
Kaiha est un sculpteur de Ua Pou; il va exposer et vendre ses bijoux à la semaine marquisienne de To'ata à Papeete du 3 au 7 mars. On aura l'occasion d'admirer sa grande maîtrise dans le travail de l'os, du corail et du coquillage.
KaihaDominiqueSculpteur 030
KaihaDominiqueSculpteur 030
Kaiha est un puriste qui reproduit fidèlement les objets que ses ancêtres fabriquaient, avec la qualité que ses outils modernes apportent. "Mon père était sculpteur mais n'utilisait que son couteau, il faisait seulement six objets par mois et il en vivait"
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Kaiha est ami d'un archéologue qui lui fournit des graphiques des pétroglyphes qu'il découvre; le sculpteur les utilise pour la décoration de ses bijoux.
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Ainsi ce collier, composé de deux "ivi'poo" (bagues vengeresses) et d'une croix marquisienne (représentation du corps décapité)...chaque trait est fidèle au langage ancestral.
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Et...même si le romantisme semble débarquer dans les courbes des tikis...l'esprit reste porteur d'inquiétude
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Ces boucles sont fabriquées avec des coquillages pêchés en apnée par vingt mètres de fond. Les "casques" sont découpés et on utilise l'axe central de belle couleur et veiné
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Le coeur placé au milieu des gravures est une évasion...le concept "amour" n'avait pas cours chez les anciens: les femmes avaient de nombreux maris et les frères jouaient régulièrement le rôle de remplaçants lorsque le mari titulaire était absent.
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Ce rostre d'espadon gravé à l'ancienne est aussi une nouveauté ici où les pirogues offraient peu de possibilité d'avoir ce poisson. "Un matériau très dur" nous dit Kaiha
KaihaDominiqueSculpteur 034 Une synthèse avec ce collier qui semblerait chargé "vu du reste du monde". Des graines noires de la brousse séparées par des vertèbres de requin, des dents de cochon, du bois de santal pour obturer le "ivi'poo". Ici, les parures peuvent atteindre un poids important. Le porteur...ou la porteuse... ajoute régulièrement une couronne végétale...
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Des pique-cheveux en pierre fleurie
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Des bagues en os, corail noir et perle de culture
Kaiha, qui a travaillé sur des sites anciens est un témoin ouvert...une rencontre avec l'authenticité à ne pas manquer.

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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 18:46

 

Les sculpteurs des Marquises montrent beaucoup de qualités dans la réalisation des objets de leur culture. Certains jeunes créateurs leur reprochent de copier/coller les modèles classiques. La finition atteint presque la perfection au détriment de la création. Mais...

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Une nouvelle vague de sculpteurs (ils ne sont pas nombreux mais on en découvre de nouveaux régulièrement),  produit des œuvres qui échappent aux réalisations traditionnelles. Ces artistes veulent tenir compte de la matière employée, de sa forme originelle, des couleurs et des fractures pour créer,  plutôt que copier les modèles des « tupuna ». C'est un défi au carcan imposé par les « détenteurs de la culture » ; c'est une ouverture vers l’art qui devient l’outil des sentiments, des états d’âme ; un outil capricieux, rebelle et provocateur pour l’académie des « tuhuka ».

Les matériaux employés restent d'origine végétale ou minérale. Le bois de rose (miro), le toù le cocotier et toutes sortes de pierres volcaniques sont utilisés, la pierre fleurie  est toujours  la vedette. Cette démarche en est à ses premiers pas mais le clan de ceux qui veulent personnaliser et prendre de la liberté grandit.

 

Tony est un sculpteur créatif (il me dit pourtant, il y a peu,  souffrir d’un tarissement d’appétit créative) . Alors que bon nombre de ses collègues se contentent de reproduire les objets traditionnels avec parfois quelques variantes, il construit un parc, dans lequel vont cohabiter de grandes sculptures en pierre qui raconteront les légendes marquisiennes ou représenteront les conceptions que la société des anciens avait. Sur l’île de Ua Pou, où il réside, les grands Tikis sont rares.

Il n'est pas avare d'explications, se montre sensible à l'intérêt que les visiteurs portent à ses créations et défend vigoureusement la culture marquisienne. Mais comme tous les « tuhuka » il voudrait voir ses projets avancer dans la société locale et ce n’est pas simple…

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Il est en train de réaliser deux sculptures qui ont particulièrement retenu notre attention.

La première est classique aux Marquises :

Une vision de la mort où le corps en croix se recroqueville, séparé de la tête, l'élément de base qui contient la magie (le mana) chez les anciens ; Tony explique que le guerrier voulait essentiellement récupérer la tête de sa victime pour en posséder la force et l'intelligence. Cela rejoint l'observation que l'on fait lorsque l'on trouve ces crânes dans les pae pae en l'absence des restes des squelettes.

scupteur Ua Pou5

La deuxième est très originale…

Une  sculpture, dont le dessin a été réalisé par les visiteurs de l’île de Pâques, à l'occasion du dernier festival  des Marquises. Cette sculpture représente Makemake une princesse de Hiva Oa qui aurait, après sa mort, emprunté le chemin qui mène à « Kea éé hauhane » (au fond de l’océan dans une baie de Paumea à Ua Pou), la pierre, dernier tremplin avant le paradis marquisien « Havaiki » (situé au large de Hiva Oa). La légende raconte que Makemake serait arrivée à une intersection entre deux conduits et se serait trompée, prenant à la place du chemin de Havaiki, le conduit qui mène à l'île de Pâques. Là bas, elle aurait été transformée en « homme oiseau ».

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Dans sa sculpture, Tony représente Makemake dont  les cheveux s'enroulent autour d’un moaï (statue de l'île de Pâques) et un tiki, symbole marquisien. Entre les deux personnages, un pilon outil de la vie sur ces îles. On précisera que les habitants de l'île de Pâques sont d'origine marquisienne…

Tony chez qui nous avons passé ce dimanche est un personnage hors du commun dans le monde de la sculpture qui combine le geste avec la pensée, le mot, le récit et l'émotion.

Chacune de ses sculptures, chacun de ses tableaux de pierre est accompagné d'un récit, écrit par lui en marquisien ; récit explicatif ou récit narratif. Ces textes sont souvent difficiles à traduire en français car la pensée du sculpteur est si subtile qu'une traduction approximative (le créateur ne gère pas les deux langues de la même façon), ne communiquerait certainement pas les sentiments de leur auteur. Il nous expliquait, cet après-midi, qu'il avait beaucoup cherché pour traduire un terme marquisien assorti à l'une de ses œuvres, hésitant entre : «  malade d'amour » et «  malade de l'amour ». Traduire … c'est parfois si compliqué …

 

 

Dominique, lui,  est un jeune sculpteur de l’Ile de Ua Pou. Il a choisi de se spécialiser dans le travail traditionnel sur l'os et sur le rostre d'espadon. IL  sculpte  dans un petit atelier typique, attenant à la maison.

Les os qu'il utilise, viennent de bovins qui vivent en liberté sur l'île voisine : Nuku Hiva. De véritables chasses sont nécessaires. Il faut souvent deux ou trois jours d'expédition avec un bivouac dans la brousse, pour tuer et débiter les animaux devenus sauvages et les acheminer à dos d'homme dans un relief très difficile.

scupteur Ua Pou1

Au moment de ma visite, il venait de saler une bête. Il avait empilé les morceaux de viande dans une poubelle,  en les recouvrant de galets, pour en favoriser la conservation. Il avait récupéré les os de la bête pour en faire des objets de son art.

Dominique prépare un voyage vers Tahiti pour participer à une exposition d'art marquisien, dans laquelle il espère le succès. Il me précisait : « j'ai arrêté de vendre les objets aux touristes de passage car je veux les garder ; ils sont mes enfants et constituent ma personnalité ». Il faut dire que la finesse du travail a tout pour séduire les amateurs.

scupteur Ua Pou2

On retrouve dans la décoration, les motifs classiques des Marquises. L'artiste ouvert, talentueux et imaginatif,  crée dans un secteur où les spécialistes sont rares.

Dominique vient d'une famille de sculpteurs. Tous ses frères, son père, son grand-père et son arrière-grand-père sont ou ont été des sculpteurs.

Actuellement, les outils modernes ont bien changé le travail. Il me précise : « mon grand-père n'avait pas le tour, pas de fraise ; il sculptait avec son couteau et quelques outils très simples. Quand il faisait cinq kookas dans le mois, c’était bien ».

scupteur Ua Pou3

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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 22:17
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Tiki-ivi de chez Kaiha; une réplique des manches en os humain que les chefs utilisaient. La victime convertie en accessoire de confort était toujours un guerrier ou un notable courageux puisque sa force et son "mana" était présent dans la relique.
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Entre les mains du sculpteur, le bois prend vie et rien ne prouve, dans la croyance locale, qu'il restera solidaire de son créateur
REPRISE
Pour longtemps encore Vaekehu pointera son menton autoritaire encadré d'un large visage ; cheffesse cruelle, elle payait en "viande d'hommes"
vaekehu2 024Toute la beauté des pierres de Ua Pou dans cette tortue, cadeau de chef
vaekehu2 010"Mais, c'est une exposition pornographique!" s'est écriée une touriste venue avec l'Aranui..."Non, madame, l'artisan a simplement donné au pilon, enfin...à son manche...la forme qui lui paraissait la plus appropriée pour que la ménagère puisse utiliser l'outil de façon efficace dans la fabrication de la popoï
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Dans l'atelier de Kaiha...les foetus et les fausses-couches...
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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 20:41
L'île de Ua Pou possède une pierre très rare que les sculpteurs utilisent pour réaliser des objets traditionnels: c'est la pierre fleurie.
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Trois sortes de pierres fleuries: au fond, la plus commune à fleurs noires; à droite la plus célèbre que l'on trouve aussi dans un site en Asie (c'est une pierre exceptionnelle qui ressemble à du silex dans lequel des formations jaunes auraient bourgeonné) et la pierre fleurie rouge au centre de ce lotus en pierre verte de Ua Pou. La pierre fleurie rouge est très rare même à Ua Pou. On en trouve quelques petits galets sur une plage sauvage (on peut penser qu'elle a été portée par le ruisseau qui débouche là et vient de la montagne); elle n'existe pas ailleurs. Elle est très difficile à travailler car sa couleur est due à un composant minéral volcanique qui produit beaucoup de poussière (comme de la cendre); elle est très cassante mais donne un résultat très étonnant lorsqu'elle est polie.
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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 21:02
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Les anciens Marquisiens n'ont jamais inventé d'écriture cependant, ils gravaient de nombreux pétroglyphes dans les endroits sacrés. N'ayant pas le métal, ils choisissaient des roches tendres et gravaient avec des pierres plus dures. Les motifs sont souvent des hommes, des tikis ou des tortues.
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Dans la descendance qui vit actuellement, on retrouve ce besoin de dessiner, graver sur tous les supports possibles (y compris la peau) et un talent réel qui apparaît chez les jeunes enfants de façon remarquable.
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Tous les lieux publics sont ornés de sculptures et signes particuliers. Les outils de la vie( voitures, peignes, vêtements, portes, plats de cuisine, pilons etc...)sont gravés ou tatoués.
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Un grand umete pour distribuer la nourriture cuite au four marquisien
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29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 18:18
Sculpture Marquisienne8Nous sommes des amis, des admirateurs et des voyeurs...jetons un oeil sur une partie de la longue liste des sculpteurs de Ua Pou. Des créateurs qui jouent, massent, poncent...la pierre, le bois, l'os , le corail et la nacre...
Cette série est incomplète et une suite viendra

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Tony, amateur de légendes; chaque création est assortie d'un commentaire, d'une légende, d'un mot...Sculpture Marquisienne2
Téa, un maître dans la réalisation des colliers...il a déjà sculpté de l'os humain et cherche régulièrement la force et l'inspiration dans la grotte où ses ancêtres momifiés reposent...
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Le créateur qui réalise les tikis les plus beaux...en os; amateur de tradition, il refuse les matériaux modernes
Sculpture Marquisienne4Maté; un artiste qui cherche et trouve son inspiration loin des stéréotypes; des oeuvres fortes mais comme il le dit lui-même ...une inspiration qu'il veut exceptionnelle et qui parfois prend des vacances

Sculpture Marquisienne5Sculpture Marquisienne6
Kaiha; le champion des pahu sculptés (tambours)
Sculpture Marquisienne7
Teiki; un jeune sculpteur qui ose et veut inover
TIKF6
Timona et son associé ; ils ont crée des grands tikis sur le site de Hakahetau
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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 17:39
Les sculpteurs marquisiens utilisent le bois, la pierre et l'os. Ce qui interpelle, dans l'observation des oeuvres, c'est la répétition incontournable des motifs traditionnels. Un sculpteur me disait récemment:" un copié-collé" des modèles des anciens. Peut-on parler d'un travail d'artiste ou doit-on préférer le terme "artisan-culturel".
Heureusement, de jeunes sculpteurs abandonnent la vision froide , dépourvue de sentiments, des traditionnels et créent des ensembles où le culot et l'interaction des éléments réalisés donnent une dimension créative.
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La pierre fleurie est typique de l'île de Ua Pou. Le modèle a des grands yeux, une bouche épaisse et un nez aplati. Le tiki, représentation d'un dieu turbulent et cruel a trois doigts comme le lézard, ou cinq voire six...
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La mise en valeur de la pierre est une composante essentielle pour l'artiste; le choix du minéral aussi
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Lorsqu'il travaille le bois, le sculpteur multiplie les visages.
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Kaiha, un puriste, a son atelier dans la brousse et il tient à respecter les règles culturelles. Son tiki tient le casse-tête des ancêtres...la "mandoline des siciliens"
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